Faire un don
28 juillet 2020

Le don, la greffe… c’est quoi ?

Don d’organes
Le don, la greffe… c’est quoi ?

Les principes du don

Le volontariat, l’anonymat et la gratuité du don entre le donneur et le receveur sont des principes fondamentaux inscrits dans la loi relative à la bioéthique.

L’anonymat signifie que le nom du donneur ne peut être communiqué au receveur, et réciproquement.

Ce cloisonnement a été conçu pour préserver les familles en deuil mais également pour aider les personnes greffées à prendre de la distance par rapport à leur greffon.

La gratuité signifie que toute rémunération en contrepartie du don d’organes est interdite.

Elle constitue un frein puissant aux tentatives de trafics d’organes en France.

Les principaux organes pouvant être greffés

Les greffes les plus fréquentes sont celles du rein (60 % des greffes en 2015), du foie (24 %), du cœur (8 %), du poumon (6%) et du pancréas (1%).

On prélève aussi souvent la cornée ou des tissus comme la peau, les valves cardiaques, les os, les tendons, les artères…

Les différentes étapes lors du don d’organes

  1. Diagnostic de la mort encéphalique et donneur potentiel

Une personne décède d’un arrêt définitif de toute activité cérébrale. La certitude de la mort est incontestable, confirmée par des examens médicaux spécialisées (2 électro-encéphalogrammes à 4 heures d’intervalle). Lorsqu’un prélèvement d’organes est envisageable, l’activité cardiaque, la respiration et la température du corps sont maintenues artificiellement durant quelques heures après le décès afin d’assurer une bonne conservation des organes.

  1. Recherche de la volonté émise par la personne décédée

L’équipe de coordination hospitalière (médecin réanimateur, infirmière de coordination) cherche à connaître la volonté du défunt sur le don de ses organes. Elle consulte d’abord le Registre National des Refus. Si la personne n’y est pas inscrite, elle s’entretient avec ses proches pour connaître sa position. La carte de donneur, qui n’a pas de valeur légale, peut faciliter le dialogue avec la famille mais elle ne remplace pas un dialogue avec les proches.

  1. Série d’examens et compatibilité donneur-receveur 

Si le défunt est donneur d’organes, des analyses et des tests sont effectués pour évaluer la qualité des organes (bilan sanguin pour vérifier l’absence de maladies transmissibles) et orienter vers des receveurs compatibles c’est-à-dire des personnes qui ont des caractéristiques morphologiques et immunitaires proches des siennes. Il est impératif que donneur et receveur aient des groupes sanguins identiques ou compatibles.

  1. Prélèvement des organes du donneur puis transport des greffons

L’agence de la biomédecine gère la liste nationale des patients en attente de greffes. A ce titre en découle la répartition des greffons. Elle contacte les différentes équipes médico-chirurgicales concernées, selon agrément du Ministère de la Santé. L’équipe de coordination du prélèvement organise les opérations chirurgicales et le transport des greffons.

Les greffons sont conditionnés dans des glacières hermétiques à 4°C puis transportés dans les hôpitaux où s’effectueront les greffes. Tous les moyens de transport sont utilisables selon la distance à parcourir.

Chaque heure est comptée et d’autant plus durant le transport d’un cœur ou d’un poumon. Leur viabilité est de 4h00.

Après l’opération, le corps est intégralement restauré par l’équipe chirurgicale, préparé et rendu à sa famille.

  1. Greffe

La greffe peut mobiliser jusqu’à 8 personnes et durer près de 12 heures.

  1. Traitement « anti-rejet » au receveur

Le phénomène de rejet est mieux maîtrisé. La contrainte principale est liée à la poursuite à vie d’un traitement immunosuppresseur (médicament anti-rejet). Cela impose une surveillance régulière.

Les différents types de greffe

On distingue aujourd’hui quatre types de greffes :

L’autogreffe : consiste à prélever un greffon et à le transférer sur le même individu. On peut ainsi effectuer une greffe de peau, lors de brûlure par exemple, après culture des cellules. Elle se pratique davantage en matière de moelle osseuse.

L’isogreffe concerne une transplantation entre deux individus qui sont jumeaux monozygotes (jumeaux vrais car issus d’une même cellule œuf). Ils possèdent donc le même HLA = Human Leucocyte Antigens donc pas de contrainte concernant la compatibilité.

L’allogreffe : greffe la plus courante. Elle représente au moins 35% des greffes réalisées. Elle est effectuée sur des êtres de la même espèce (êtres humains) et compatibles.

La xénogreffe : effectuée sur un individu d’une espèce différente de celle du receveur comme un porc par exemple. Elle ne se pratique pas en Europe car elle comporte de nombreux risques.

Les chiffres clés 2015 de l’agence de la biomédecine

Durant l’année 2015, il y a eu plus de 15 greffes d’organes réalisées chaque jour. Au total, ce sont 5 746 organes qui ont été greffés, soit une augmentation de 7% par rapport à 2014.

En 10 ans (2006-2015), le nombre de greffes d’organes a augmenté de près de 35%.

Après le rein (3 486 greffes), les organes les plus transplantés ont été le foie (1 355), le cœur (471), les poumons (345) et le pancréas (78).

Concernant les tissus, l’activité de prélèvement de cornées est également en croissance : 11 360 en 2015.

L’activité à partir de donneur vivant a également progressé en 2015 avec 571 greffes, soient 547 pour le rein et 24 pour le foie.

L’activité de prélèvement connaît une nette augmentation avec 1 769 donneurs en 2015 pour 3 579 morts encéphaliques recensées.

L’âge moyen des donneurs en état de mort encéphalique est proche de 57 ans.

Le taux d’opposition est de 32,5%.

21 378 personnes ont eu besoin d’une greffe en 2015, chiffre toujours en augmentation…

Le don d’organes : comparaison internationale

L’Espagne est à la première place au niveau international pour le taux de prélèvement d’organes sur personnes décédées avec en 2014, 35,7 donneurs par million d’habitants contre un peu moins de 27 donneurs en Belgique et 25,3 pour la France.

  • le consentement au don d’organes

Le Danemark, les Pays-Bas, le Royaume-Uni ou encore l’Allemagne ont adopté un système de « consentement explicite » et ont donc un registre du « oui ».

A l’inverse, en France, en Autriche, en Espagne, en Finlande, en Grèce, en Suède, en Italie, au Luxembourg ou au Portugal, le consentement est « présumé » ce qui signifie “Qui ne dit mot consent” et ont donc créé un registre du « non ». En pratique, et quel que soit le type de consentement choisi (explicite ou présumé), les équipes médicales se rapprochent de la famille avant tout prélèvement pour savoir si elle a connaissance du choix du défunt.

La loi belge sur le don d’organes a elle permis la mise en place d’un double registre, du “oui” et du “non” qui permet à toute personne, de manifester son accord ou son opposition à un éventuel don. Le registre national est consulté à chaque fois qu’une personne décède d’une mort encéphalique. C’est ce qui est inscrit dans le registre qui s’impose même si ses proches s’y opposent. Si la personne n’est pas inscrite au registre, les proches sont consultés.

  • élargir le cercle des donneurs vivants

Le don d’organes entre vivants est très développé dans les pays d’Europe du Nord, les États-Unis et le Canada. Outre-Atlantique, le pourcentage de greffes entre vivants évolue entre 30 et 40%. Dans le même temps, les pays du Sud de l’Europe, comme l’Espagne, l’Italie ou la France, se situent autour de 5%. La restriction du don d’organes au cercle familial ne se retrouve pas dans les pays scandinaves et anglo-saxons. Ils reconnaissent la possibilité de faire un don à toute personne ayant « des relations affectives étroites » avec le receveur. Ainsi, aux Etats-Unis par exemple, le cercle des donneurs potentiels inclut en plus de la famille proche du receveur,  son entourage amical et professionnel.

Les pays latins, au contraire, se veulent plus restrictifs. Ils veulent protéger les citoyens contre les risques qui pourraient découler de la liberté de disposer de ses organes (source de revenu pour les plus démunis dans les pays les plus pauvres).

En France, la dernière loi de bioéthique en date du 7 Juillet 2011 a étendu les conditions pour être donneur vivant. Après la formalisation autour de la famille stricto sensu, après l’élargissement aux conjoints pacsés et à ceux entretenant une relation régulière depuis plus de deux ans, la loi autorise le don croisé d’organes intervenant en cas d’incompatibilité entre proches : deux personnes, candidates au don pour un proche mais incompatibles avec leur proche malade, s’échangent leur receveur respectif s’ils leur sont compatibles.

Toutefois, si le texte permet la pratique du don in vivo, la France n’en a pas encore la culture.

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