Edito : La santé des femmes face aux stéréotypes de genre
Non classéDe nombreuses études ces vingt dernières années montrent que les symptômes sur certaines maladies sont moins bien prises en compte pour les femmes, des maladies spécifiques moins bien prises en charge. Pour autant, enfin pourrait on dire, une étude menée depuis 20 ans sur la quasi-totalité des essais cliniques dans 200 pays montre que les femmes ne sont plus sous représentées… mais peut-on attribuer cette évolution à un changement de mentalité ou ce qui serait à mon sens plus juste, au scandale de certains traitements prescrits aux femmes dont celui du Distilbène qui a éclaté dans les années 80, révélant les effets délétères sur la santé de la femme et/ou du fœtus et obligeant les autorités, et les laboratoires en termes de risques financiers, à réagir.
Nous sommes influencés, voire façonnés toute notre vie par des modèles de comportements masculin et féminin qui perdurent encore aujourd’hui et impactent notre santé et notre façon d’être malade.
Il existe des représentations sociales liées au masculin et au féminin qui continuent d’influencer les attitudes des patientes et patients ainsi que des personnels soignants. Des exemples illustrent encore trop souvent ce constat : dans le domaine cardiovasculaire où pour une femme des douleurs thoraciques sont associées au stress ou l’anxiété alors que pour l’homme ce sont des signes d’infarctus. Plus récemment sur la détection précoce des troubles autistiques où pour une petite fille en retrait sur soi qui communique peu , l’on associe ces symptômes à une timidité ou un comportement réservé alors que pour le garçon, c’est un problème d’interaction sociale et donc un signe de trouble autistique… Au final en 2021 ,18% de filles sont détectées en bas âge contre 37% de garçons. En miroir nous avons l’ostéoporose , qui était à l’origine féminine car associée à la ménopause, restant sous diagnostiquée pour les hommes et conduisant à des pronostics plus mauvais.
Catherine Vidal, neuro biologiste et membre du comité éthique de l’INSERM, auteure d’un rapport pour le haut conseil à l’égalité : « Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner » préconise de promouvoir une approche qui tiennent compte des questions de genre pour réduire les inégalités de santé. La Haute Autorité de santé a identifié, à la suite de son rapport d’analyse prospective « Sexe, genre et Santé » paru en décembre 2020, que le principal frein entourant ces questions est lié aux représentations sociales. Elle préconise d’agir sur ce point crucial car lorsqu’une personne est sensibilisée au sujet, elle ne fait que progresser.
C’est le pari que fait Adosen Prévention santé MGEN en semant des graines de conscience et en se plaçant résolument dans une éducation qui revendique une visée émancipatrice. ADOSEN s’est engagée dans la lutte pour l’égalité femmes hommes à travers un parti pris : déconstruire les stéréotypes liés au genre et ce dès le plus jeune âge. Elle a ainsi développé un outil pédagogique Stéréotypes Stéréomeufs qui aspire à être un levier déclencheur d’un profond changement des mentalités et des comportements liés à l’égalité femmes hommes. Au travers une démarche de prévention réflexive permettant aux jeunes d’avancer dans la construction de leur jugement, sur des sujets en lien avec leurs comportements et leurs représentations, son objectif est ainsi de faire du jeune un ambassadeur ou une ambassadrice de l’égalité filles garçons.
Stéphane Marchand-Maillet
Président ADOSEN Prévention santé MGEN