Permettre à tous les élèves, garçons et filles, d’être sur un pied d’égalité dans leurs apprentissages et leurs orientations professionnelles, indépendamment de leurs appartenances à un genre, fait aujourd’hui partie intégrante de la mission de l’éducation nationale.
L’égalité filles – garçons est un sujet complexe car il est lié à de nombreux paramètres éducatifs mais également sociétaux ainsi qu’à des schémas dont nous n’avons pas toujours conscience (1). En effet, parler d’égalité filles – garçons renvoie notamment à la façon dont une société hiérarchise ses valeurs, les métiers, les savoirs etc. avec pour corollaire la façon dont chacun est armé pour se situer dans cette hiérarchie, sa trajectoire et son identité.
« On ne peut espérer améliorer la situation des femmes sans poser la question des discriminations, de l’égalité des chances, en même temps que celle du système dans lequel ces chances s’exercent et si l’on ne réduit pas les inégalités d’ensemble. Combattre les inégalités entre les sexes, passe aussi, par exemple, par une transformation des conditions d’enseignement, une limite à l’usage de la précarité et du temps partiel, l’élévation du salaire minimum, des restrictions aux heures supplémentaires et la réorganisation des rythmes de travail, etc. Pour cela, il faudrait concevoir l’égalité hommes-femmes non comme un alignement de la situation des femmes sur le modèle masculin, mais comme une transformation de ce modèle dominant. Les hommes doivent percevoir aussi ce qu’ils gagneraient à cette situation ». Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités
Si l’on considère qu’une partie de l’action sur l’égalité fille-garçon sera mesurée par « la réussite professionnelle » cela appelle à réfléchir sur la façon dont nous hiérarchisons nos métiers et les compétences nécessaires pour les exercer. La répartition des filles et des garçons selon les filières conditionne les métiers ou les fonctions que les uns et les autres pourront avoir, mais il est également capital de voir comment à diplôme égal, les hommes et les femmes pourront ou souhaiteront répondre aux contraintes liées aux différentes fonctions.
L’éducation est le premier levier sur lequel agir pour que la trajectoire des filles et des garçons permettent aux uns et aux autres de se construire sur un pied d’égalité. Mais c’est en premier la société et ses facteurs de reproduction des inégalités, son exercice du pouvoir, sa production des valeurs qui rend les compétences des uns et des autres inégalitaires. Par exemple, il n’y a pas de raisons objectives à considérer les matières scientifiques supérieures aux matières littéraires. Dans les faits, les compétences dans les matières scientifiques permettront d’accéder à des métiers que notre société considère comme plus prestigieux et qu’elle rémunère mieux. En attestent les difficultés à recruter des professeur-e-s de mathématiques par exemple…
L’éducation nationale ne peut avoir d’actions sur l’ensemble des leviers. Mais concernant la socialisation, la transmission des savoirs, l’acquisition de compétences, l’orientation dans les filières professionnelles, les regards portés sur les métiers, elle joue un rôle capital, en lien avec les parents, dans la promotion de l’égalité fille-garçon.
Pour agir, un cadre législatif existe et des outils sont à disposition des professionnels de l’éducation nationale.
- Lire le texte de Nicole Mosconi : Genres et pratiques scolaires : comment éduquer à l’égalité