24 Septembre 2025

Interview avec deux membres du comité scientifique de Réflex’

Interview avec deux membres du comité scientifique de Réflex’

La sortie de notre nouvel outil pédagogique Réflex’ approche, et nous avons hâte de vous le faire découvrir !

Pour garantir la qualité et la pertinence des contenus liés à l’alimentation et à l’activité physique, ADOSEN a réuni un comité scientifique dédié. Animé par Sophie Pienne, en charge de la conception et la coordination de l’outil, ce comité a contribué pendant plusieurs mois à enrichir l’outil de son expertise sur les enjeux d’alimentation et activité physique pour les jeunes de 11 à 18 ans.

Nous avons eu le plaisir d’échanger avec Valérie Elicalde et Tanguy Marqueste, deux membres du comité, pour vous offrir un aperçu concret de Réflex’ et de ses objectifs. Leur éclairage vous aidera à mieux vous projeter dans l’utilisation de l’outil, disponible dès novembre !

 

Qui êtes-vous ? Pouvez-vous présenter votre parcours ?

Valérie Eliçalde (VE) : Je m’appelle Valérie Eliçalde. Je viens du Sud-Ouest, de Bayonne. Je suis enseignante spécialisée, plutôt dans le premier degré. J’ai également un parcours interne à la MGEN, où j’occupe actuellement le poste de chargée de missions régionales. Je fais aussi partie du conseil d’administration de l’association ADOSEN.

Tanguy Marqueste (MT) : Moi, c’est Tanguy Marqueste. Je suis enseignant-chercheur à l’Université d’Aix-Marseille, professeur en STAPS. Pendant 16 ans, je me suis occupé des cursus de licences et de masters en « activités physiques adaptées et santé ». Je suis également vice-président du comité régional éducation et santé en PACA, où je mène des missions de prévention en santé.

 

Pourquoi avez-vous décidé de travailler sur Réflex ? Qu’est-ce qui vous a plu ?

TM : On m’a proposé d’intégrer ce comité scientifique, et j’ai accepté, car la thématique correspond directement aux sujets abordés dans les formations de licence et de master : alimentation, activité physique, le tout en lien avec les collégiens et lycéens. Le sujet est donc très intéressant.

VE : Pour deux raisons principales. D’abord parce que je savais que j’aurais plaisir à travailler avec l’équipe d’ADOSEN et avec des experts : j’ai déjà participé à d’autres moments de réflexion et je sais que c’est toujours riche et stimulant. Ensuite, parce que le thème — alimentation, bien-être, activité physique et sportive — me parle personnellement.

TM : Pour compléter ma réponse, dans mes formations, on travaille surtout sur la prévention secondaire et tertiaire : c’est-à-dire quand les pathologies sont déjà présentes. Ici, on aborde plutôt la prévention primaire, avec des messages de prévention en amont. C’est ce qui m’a paru intéressant et innovant.

 

Quel était le processus de travail ?

VE : Le processus a été piloté par Sophie Pienne, qui a constitué un collectif réunissant des experts, des membres internes à ADOSEN et des personnes engagées dans la prévention réflexive, qui est l’ADN de l’association. Progressivement, elle a enrichi le travail grâce aux regards complémentaires de chacun. On nous proposait à chaque fois de faire des retours à la fois sur le fond et sur la forme. L’outil final est le fruit de la contribution de chacun, en fonction de son expertise et de celle d’ADOSEN.

TM : Pour compléter la réponse de Valérie, les séances ont eu lieu de deux façons. D’abord deux réunions en visioconférence, avec des échanges très ouverts sur les thématiques alimentation et activité physique. Puis, au fur et à mesure, des synthèses ont été produites et nous avons recentré la réflexion sur le public visé et les messages prioritaires. Aujourd’hui, lors de cette troisième réunion (17 juin), nous validons les contenus et découvrons l’avancée des outils. C’est un processus efficace et stimulant.

 

Que pensez-vous de la prévention réflexive ? Est-ce applicable à cet outil ?

TM : J’ai découvert le concept de prévention réflexive en discutant avec une personne d’ADOSEN, Valérie Garito, que j’avais invitée dans mes cours à Marseille. Je la connaissais peu, mais j’ai vite assimilé cette méthode de prévention. Je trouve que cela correspond parfaitement à ce qu’on peut faire avec des collégiens et des lycéens : il ne s’agit pas d’imposer des injonctions ou de transmettre un savoir descendant, mais de les amener à réfléchir et à s’approprier les concepts.

VE : Comme le dit Tanguy, même si la thématique est « Alimentation, bien-être, activité physique et sportive », ADOSEN cherche toujours à rendre les jeunes acteurs de leur parcours de vie. L’objectif est qu’ils réfléchissent davantage à leurs comportements et habitudes, qu’ils se projettent dans leur avenir. Cet outil me semble donc totalement en cohérence avec la démarche de prévention réflexive.

 

En quoi cet outil est-il différent des autres ressources sur l’alimentation et l’activité physique ?

VE : Je ne connais pas d’outil équivalent. Dans le milieu scolaire, ou avec des partenaires comme la Mutualité Française, on est généralement sur des messages de prévention et de promotion de comportements favorables à la santé. Ici, l’accent est mis sur la réflexion : sur le choix, ou le non-choix, d’un comportement, d’une habitude de vie, en tenant compte de contraintes sociales, familiales, etc. On est plus dans le développement de compétences psychosociales, transférables à d’autres domaines. C’est là la différence principale.

TM : J’ai participé il y a une vingtaine d’années à la création d’un outil pour des enfants de primaire, plus ludique, mais centré sur la transmission d’informations. Ici, au contraire, tout se construit dans l’échange, avec l’animateur puis entre les élèves. Il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » réponse : on co-construit. C’est ce qui distingue cet outil des autres.

 

Sous quel angle avez-vous abordé les thématiques dans l’outil ?

VE : Nous n’avons pas abordé l’alimentation ou l’activité physique de manière isolée. Au lieu de cela, nous les avons intégrées dans une réflexion plus large autour des leviers possibles pour améliorer les habitudes de vie. Ces leviers recouvrent des thématiques plus implicites, comme la notion de plaisir, l’idéal personnel, l’expérience vécue, ou encore le contexte socio-familial. Tout ce qui, en somme, explique que les bonnes habitudes de vie ne sont pas toujours présentes dès le départ, mais qu’elles peuvent se construire et évoluer au fil du temps.

Les enfants ou les jeunes auxquels nous nous adressons pourront peut-être s’approprier certains de ces concepts et les mobiliser à différents moments de leur vie. On ne choisit pas toujours tout, tout le temps, mais l’idée était de ne pas traiter ces sujets de manière directe ou frontale.

Nous avons adopté une approche plus systémique, ce qui permet d’éviter les messages culpabilisants ou prescriptifs, comme les injonctions du type : « Mangez cinq fruits et légumes par jour ». Ce type de message ne tient pas compte des réalités : encore faut-il pouvoir en trouver, pouvoir se les payer, ou vivre dans un environnement familial qui valorise ce type d’alimentation. En ce sens, notre approche consiste plutôt à contourner le sujet, ou du moins à ne pas l’aborder de manière frontale.

TM : Tout a été dit. On a utilisé différents supports qui invitent les jeunes à donner leur avis sur des situations, mais aussi à se positionner à travers des activités variées. La dernière activité relève presque de l’empathie : se mettre à la place d’une autre personne. Cela leur permet d’aborder alimentation et activité physique sous plusieurs angles.

 

Quel sera le format de l’outil ? Quels sont ses objectifs ?

VE : La proposition de Sophie a été validée par le groupe : un format de type « cahier de vacances », avec une approche ludique et des activités variées (jeu des différences, illustration à analyser, bingo avec des phrases-clés). Le but est que le cahier soit à la fois ludique et porteur de contenus et de concepts, réalisables en partie en autonomie, et qui peuvent même être prolongés en famille ou entre amis.

 

Quel est le public visé et pourquoi ?

TM : Le public visé, ce sont les collégiens et lycéens. L’adolescence est une période marquée par de nombreux changements, à la fois individuels et relationnels — que ce soit dans les liens avec les amis, la famille, ou d’autres cercles sociaux. Les questions liées à l’alimentation, à l’activité physique et à l’image du corps occupent une place centrale durant cette phase particulière de la vie.

C’est également une période clé pour l’acquisition de comportements qui pourront être réutilisés et consolidés plus tard, dès l’entrée dans l’âge adulte. D’un point de vue physiologique, l’adolescence correspond aussi à ce que l’on appelle le « troisième rebond adipeux », ce qui en fait un moment particulièrement opportun pour intervenir et promouvoir de bonnes habitudes de vie.

VE : Oui, et l’idée est de pouvoir intervenir en milieu scolaire, mais aussi en périscolaire ou dans un cadre associatif. À cet âge, les jeunes peuvent aussi influencer les choix familiaux, ce qui est moins possible pendant l’enfance.

 

Un indice sur votre activité favorite du cahier ?

VE : J’ai un faible pour le jeu des différences. Quand j’étais enfant, c’était l’un des premiers jeux que je faisais dans mes cahiers de vacances. Cela m’a rappelé ces souvenirs, et je suis ravie de le retrouver dans Réflex’.

TM : Pour moi, c’est l’illustration de type « micro-macro », car c’est un jeu que je fais avec mon fils adolescent. Je sais que si ce cahier arrive entre ses mains, il commencera par cette activité, et je le ferai avec lui.

 

Un dernier mot sur l’outil ?

TM : Nous avons vraiment envie qu’il soit abouti, distribué et utilisé à bon escient.

VE : Que Réflex’ devienne un bon réflexe pédagogique !

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